Le passé
Le passé est oubli. Que ferait l'homme s'il devait vivre avec le poids de toutes ses déceptions, de tous ses malheurs? L'oubli du passé, peu à peu, lentement, comme de la buée sur un miroir. Pour qu'un matin, lorsqu'on se regarde dans la glace, on puisse dire : « Je suis comme neuf. »
C'est une leçon dure à apprendre, difficile à admettre. Nous tenons tant à nos souvenirs, à ces minuscules évènements qui nous façonnent chaque matin, qui se reflètent dans nos miroirs, qui nous font exister dans la mémoire des autres.
Le passé est oubli. L'avenir est ignorance. Le présent est transparent. On peut souffler sur le miroir et voir réapparaitre pour quelques instants éphémères les marques du passé. Puis elle se fondent au présent et forme la surface translucide qui nous reste à maçonner. Nous ne savons rien de ce qu'il nous reste à vivre, nous ne savons rien de ce que nous vivons. Nous avançons aveuglément et sommes surpris à chaque virage que le paysage ait changé.